C'est dans le film "Philadelphia" (Jonathan Demme, 1993) que le personnage de l'avocat, interprété par Denzel Washington, dit à chaque témoin qui vient déposer à la barre : "Expliquez-moi cela comme si j'avais six ans !"
Cela évoque pour moi, ce qu'on peut appeler une certaine pédagogie qui consiste à rendre un discours accessible au plus grand nombre.
Nous vivons une époque très particulière où les études relatives à notre culture africaine dans sa dimension la plus ancienne, la plus classique, tient de plus en plus le haut du pavé. Bien sûr, il manque encore, une diffusion du savoir à grande échelle, mais pour prendre un exemple assez évocateur, les publications sur les civilisations africaines anciennes de la vallée du Nil, n'ont jamais été aussi nombreuses.
L'épaisseur de certains ouvrages peut en effrayer plus d'un. A tort peut être, parce qu'une fois qu'on a reçu le coup de bec du poussin de caille, on ne peut plus arrêter d'être à la recherche du savoir, même le plus pointu. Mais le problème vient du fait que nous sommes sous l'emprise d'une culture étrangère qui valorise la vitesse, le zapping. Voilà pourquoi il est parfois difficile à des têtes bien faites d'apprendre la patience, celle du lecteur.
Les nouvelles générations, c'est sûr, devront être édifiées sur leur culture et bien sûr, quand je dis cela, je ne pense pas seulement aux cultures de la vallée du Nil, mais à toutes les cultures africaines, qui sont comme nous le savons, apparentées les unes aux autres.
Il est un excercice parmi d'autres, qui façonne la curiosité intellectuelle, la curiosité scientifique et l'épanouissement artistique, c'est la pratique des Medou Neter, cette langue écrite ancienne que les étrangers qualifies de "hiéroglyphes."
Dans un livre très bien fait, très bien illustré, Merikara et Neferet, deux soeurs kamites, se sont efforçées d'apprendre cette langue ancienne aux enfants : "J'apprends les Medou Neter" (éditions Edilac - Menaibuc 2010), est un livre destiné aux plus jeunes, mais ceux qui sont d'ors et déjà attendris et séduits par le poussin de caille*, peuvent s'en servir aussi pour apprendre à bien dessiner les unilitères.
La pédagogie choisie est la suivante. Chaque unilitère, c'est à dire chaque signe qui correspond à un son, est dessiné de façon très artistique et très exacte. Nous sommes loins des signes un peu trop géométriques qui sont parfois composés par certaines polices de caractères. Face à ce signe, il y a une photo, avec un mot où le signe est utilisé.
Neferet et Merikara
J'oubliais de dire, que dans les premières pages du livre, nos deux soeurs ont pris soin de retracer la genèse de cette langue ancienne et de remercier Cheikh Anta Diop pour sa contribution, quant à la récupération de notre patrimoine culturel, qui nous fut subtilisé par la faslification historique de sinistre mémoire.
Ce livre est accessible pour des enfants de moins de dix ans. Il est en quelque sorte, la suite du livre de Ayi Kwei Armah et de Aboubacry Moussa Lam : "Les hiéroglyphes dès le berceau" (éditions Per Ankh).
Ces oeuvres sont d'utilité publique. Il faut que les nouvelles générations puissent connaître la contribution de leur peuple au savoir universel et de plus, il ne faut pas oublier que l'égyptien ancien et les langues africaines modernes, ont une parenté génétique !
* Le poussin de caille sert à écrire le son "ou", (w, en translitération).
